phénomène de retrait du voile

Le phénomène de retrait du voile : Choix ou pression sociale ?

Le retrait du voile islamique par certaines figures publiques comme Dina Tokio, Menel Ibtissem, et Tamara (Cam Make Up) a suscité une grande controverse dans la communauté musulmane et au-delà. Ces femmes, qui ont d’abord été vues comme des exemples d’une mode pudique et de l’affirmation de leur foi à travers le port du hijab, ont décidé à différents moments de leur vie de ne plus porter le voile. Leurs choix ont généré des réactions souvent virulentes, tant de la part de la communauté musulmane que des islamophobes. Ce phénomène soulève des questions importantes sur la pression sociale, la foi, et le respect des injonctions religieuses.

Dina Tokio : Entre choix personnel et controverse

Dina Tokio, influenceuse britannique d’origine égyptienne, a été l’une des premières « hijabi vloggers » sur YouTube, combinant sa passion pour la mode avec le port du voile. Elle a rapidement gagné en popularité, atteignant plus d’un million de followers, notamment grâce à ses tutoriels sur la mode et le hijab. Cependant, en 2018, elle a annoncé son choix de ne plus porter le hijab « à plein temps », expliquant que cela relevait d’une décision personnelle et que le voile restait une partie de son identité, mais qu’elle ne voulait plus s’engager à le porter tous les jours​.

Cette décision a déclenché une vague de critiques. Certains lui ont reproché d’avoir « utilisé le hijab » pour gagner en notoriété, tandis que d’autres l’ont accusée de trahir la communauté musulmane. Dina a été la cible d’attaques misogynes et islamophobes, avec des messages haineux, allant jusqu’à des menaces de mort à l’encontre de sa famille​. Malgré cela, elle a tenu bon, rappelant que le choix de porter le voile ou non reste un acte personnel, et non un fardeau à porter sous la pression des autres. Dans cette affaire, la question de la sincérité de la foi est revenue fréquemment dans les débats, certains insinuant que ces femmes ne portaient pas le voile « de bonne foi ».

Menel Ibtissem et l’affaire The Voice

En France, une autre controverse similaire a entouré Menel Ibtissem, candidate voilée à l’émission The Voice. Son apparence sur scène a attiré l’attention de la presse et du public, mais très vite, des tweets anciens sont ressortis, où elle exprimait des opinions controversées sur les attentats en France. Sous pression médiatique, Menel a choisi de quitter l’émission, puis a annoncé quelque temps plus tard son retrait du voile. Cet épisode a été une nouvelle preuve de la pression intense à laquelle les femmes voilées peuvent être confrontées dans l’espace public.

Menel, comme Dina, a été critiquée pour ce changement. Certains ont interprété ce geste comme une capitulation face aux critiques islamophobes, tandis que d’autres y ont vu une décision intime, soulignant que la foi et la pratique religieuse sont des questions personnelles, non des objets de jugement public.

Cam Make Up et la critique des réseaux sociaux

Tamara, plus connue sous le nom de Cam Make Up, est une autre influenceuse qui a également pris la décision de retirer son voile. Son cas est similaire à celui de Dina Tokio, car elle a dû faire face à une vague de critiques après cette décision. Sur TikTok, où elle est particulièrement active, Tamara a expliqué que le port du voile doit être un acte de foi sincère, et non quelque chose que l’on fait pour plaire à autrui ou pour répondre à des attentes sociales.

Dans ces situations, le phénomène des critiques sur les réseaux sociaux est central. Ces femmes sont souvent victimes d’une pression croisée : d’un côté, elles subissent des attaques islamophobes qui voient dans le voile un symbole à rejeter, et de l’autre, elles font face à des critiques venant de certaines franges de la communauté musulmane qui remettent en question leur sincérité religieuse et leur engagement.

Rappel sur la foi et les injonctions religieuses

Du point de vue d’un prédicateur musulman, il est important de rappeler que le port du voile, comme toutes les pratiques religieuses, doit être motivé par la foi et la dévotion à Allah. Dans le Coran, Allah rappelle aux croyantes de porter le voile par modestie et en signe d’obéissance à ses commandements (Sourate An-Nur, verset 31). Cependant, il est aussi essentiel de se souvenir que la foi est une affaire personnelle entre le croyant et Allah, et qu’aucun être humain n’est en position de juger la relation d’une personne avec sa foi. Comme l’a dit le Prophète (paix et bénédictions sur lui), « les actions sont jugées selon les intentions » (hadith rapporté par Al-Bukhari et Muslim), et seul Allah connaît les intentions véritables derrière chaque acte.

Dans une société où l’islamophobie est de plus en plus répandue, il est crucial pour les musulmanes de rester fermes dans leur foi, tout en comprenant que leurs choix peuvent être soumis à des pressions. Toutefois, cela ne signifie pas qu’elles doivent être abandonnées ou jugées lorsqu’elles traversent des périodes de doute ou de changement. Comme le rappelle l’Islam, le soutien et la miséricorde entre les croyants sont primordiaux. Nous devons encourager la pratique religieuse sincère, sans pour autant imposer des attentes irréalistes ou critiquer durement celles qui luttent avec leur foi.

Les islamophobes et la loi française

Enfin, il est pertinent de rappeler que la France, tout en ayant des débats récurrents sur la laïcité, reconnaît toujours le droit individuel de choisir ses vêtements, y compris le port du voile, sauf dans des cas spécifiques comme les écoles publiques ou les administrations. Les attaques contre les femmes voilées vont donc à l’encontre des principes mêmes de la liberté individuelle, et en particulier de la liberté de religion. Les anti musulmans, en cherchant à imposer leurs vues, enfreignent souvent ces libertés protégées par la loi française, en marginalisant et stigmatisant des femmes qui cherchent simplement à pratiquer leur foi librement​.

Ainsi, que ces femmes aient retiré leur voile sous la pression ou par choix personnel, il est important de respecter leur décision tout en rappelant que la foi, le respect des injonctions islamiques, et la modestie sont des éléments essentiels de la vie spirituelle en Islam. Cependant, ces valeurs doivent être vécues librement et non sous contrainte, car la sincérité dans la pratique religieuse est l’une des clés de l’adoration en Islam.

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